L’employé idéal d'avant, n’existe plus
- Amélie Mongrain
- 20 mars 2023
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 29 juin 2023
Connaissez-vous la proportion de vos employés qui ont des responsabilités familiales?
Selon des recherches aux États-Unis, 73% (1) de tous les employés disent avoir certaines responsabilités familiales (enfants, parents âgés ou malades à s’occuper, famille et amis à aider ou à accompagner dans certains moments de leur vie).
C’est près de 3 employés sur 4.
Énorme, n’est-ce pas?
Pourquoi alors, le fait d'avoir des responsabilités familiales est encore un frein à la carrière?
L’employé idéal d’avant
Dans les années 50, les responsabilités familiales étaient en grande majorité gérées par la femme à la maison. En 1950, la population active des femmes sur le marché du travail canadien était de seulement 21,6% (2). Les organisations, majoritairement composées d'hommes, se sont développées avec la conception suivante de l’employé idéal : un employé dont le travail ne devrait pas être impacté par ses responsabilités familiales, considérant que ces dernières étaient gérées par quelqu’un d’autre.
Pourtant, malgré que maintenant les femmes contribuent largement au marché du travail (le taux d’activité des femmes sur le marché du travail canadien était de 85,1% en novembre 2022(3)), nos organisations tardent à changer cette conception de l’employé idéal. De nos jours, la culture d’entreprise qui demande d’être « toujours prêt et toujours disponible » s’attend à ce que les parents travaillent comme s’ils n’avaient pas d’enfants, et qu’ils passent leur travail avant leur famille, leurs besoins personnels, et même leur santé. On récompense encore le fait de travailler de longues heures et de se dévouer pour son travail, même qu’on y associe la valeur d’une personne dans l’organisation(4).
Toutefois, lorsque nous avons des responsabilités familiales, cette culture d’entreprise mène à deux possibilités : 1) l’épuisement, à force d’essayer de combiner responsabilités familiales et longues heures de travail ou 2) le départ de l’organisation ou le « quiet quitting » , lorsqu’on réalise que ce n’est pas viable de concilier responsabilités familiales et attentes de l’organisation.
L’employé idéal d’aujourd’hui a des responsabilités familiales
La réalité d’aujourd’hui est que les femmes, comme les hommes, ont des responsabilités familiales. Il est temps pour nos organisations d’accepter cette réalité et de changer notre conception de l’employé idéal.
Sans quoi, les hommes, plus enclins à chercher un statut au travail(4), continueront de s’épuiser à force de chercher à répondre aux attentes organisationnelles démesurées et contribuer le plus possible aux responsabilités familiales à la maison. Il est temps de soutenir les hommes dans leurs responsabilités familiales, et cela passe d’abord et avant tout, par avoir des modèles de leaders et de gestionnaires qui priorisent leur famille et leurs besoins personnels. Les hommes ont besoin de voir des comportements concrets de leurs propres supérieurs pour accepter d’eux-mêmes prioriser leurs responsabilités familiales(4).
Sans quoi, les femmes, moins enclines à sacrifier leurs responsabilités familiales(4), continueront de gérer la majorité de celles-ci et d’être pénalisées au travail et dans leur carrière, creusant encore l’inégalité des sexes. Il est temps de soutenir les femmes dans leur progression de carrière, en valorisant davantage les résultats, la collaboration et le travail d’équipe, plutôt que les longues heures de travail et le dévouement sans borne, deux choses que les études ont d’ailleurs démontrées comme étant négatives pour les résultats de l’organisation.
Il est temps de développer un futur du travail adapté à la réalité que vivent les employés d’aujourd’hui et de demain. Une réalité où travailler et prendre soin des autres, est la normalité de tous. Le futur du travail doit être plus inclusif des responsabilités familiales des employés, autant pour le bien-être de ces derniers, que pour la pérennité de nos organisations.

SOURCES